Ce soir,
son mail dit qu’il m’aime et qu’il vient —
Ma fierté crie vengeance.
— Mat Fauve
La terre tourne sur elle-même.
A chacun d’en faire
une destination.
— Mat Fauve
Te souviens tu quand
Nos insomnies étaient des
Prétextes pour s écrire ?
- Mathilde Fauve
Matin de janvier
Mon poisson jaune est morte
Je l'offre au rosier
- Mathilde Fauve
Nouvelles lunettes -
En plongeant dans mes livres
J ai le mal de mer
- Mathilde Fauve
Le samourai erre sans but —
Il sait que rien ne l'attend
nulle part.
— Mat Fauve
J’ai jeté un caillou à la rivière, hier
Je l’ai jeté du haut d’un pont
dans les remous écumants du courant
J’ai bien observé sa chute et son impact
Je voulais graver dans ma tête
ce mouvement, ce lâcher-prise
cette disparition subaquatique,
imaginer son chemin roulé par les eaux.
Le caillou était vert,
vert rainé de blanc
comme une balafre brillante
dans le vert de l’espoir.
Il était beau, ce caillou !
J’aurais aimé pouvoir le ramener chez moi
Le poser avec les autres sur le meuble en bois
pour pouvoir le regarder et le toucher de temps en temps…
Mais non, je l’ai jeté à la rivière.
Je ne voulais pas, mais il le fallait
on ne peut pas aimer un caillou à sens unique
il se serait ennuyé sur mon étagère
j’ai préféré lui rendre sa liberté,
et même, lui offrir des aventures,
lui qui était immobile sur le goudron
à prendre la poussière des âges.
Je lui ai offert le tumulte du voyage
la caresse, la force et la poussée des flots
les raclements sur le fond de la rivière
la rencontre des graviers et des pierres
comme lui emportées, comme lui, en sousnage,
et peut être même, la mer,
tout au bout
la beauté de la mer
la délivrance de la mer
l’immensité de la mer…
J’ai offert la liberté à ce caillou
que j’aimais
je l’ai laissé partir sans espoir de le revoir.
(Que pouvais-je faire d’autre?)
J’ai bien observé sa chute et sa disparition
Je lui ai crié AU REVOIR !
Je suis restée longtemps immobile sur ce pont
et l’eau recouvrait tout sur son passage.
— Mat Fauve
Assise sur le canapé
Je tourne lentement les pages
où s'égrènent une flopée
d’enivrantes images
Nadia Becker peint la douceur des nuages
un cygne transporte deux filles qui sourient
un château élève ses tours sans âge
Trois moutons rentrent à la bergerie
Confinée chez moi, je soupire d’envie
J’aime ma famille et je sais qu’elle m’aime aussi
Mais parfois dans nos voix grondent des orages
Il est difficile ma foi, d’être toujours sages
Mes sœurs prennent de la place
l’appartement est petit
et le cœur plein de tendresse
des parents peut être aussi ?
Quand je me sens inquiète
Je pleure dans mon lit
Les histoires se tiennent prêtes
à m’emmener loin d’ici.
- Mathilde Fauve
Le brouillard a renoncé
à masquer la laideur
des immeubles
— Mat Fauve